Manon, médecin-assistant en chirurgie plastique,
trouve la réponse au mal (de chien) de sa patiente.
Mercredi 19, 18h55, Grand Est
La journée de Manon n’est pas finie. Dans une chambre du service de chirurgie plastique l’attend Madame C., une patiente de 60/70 ans qui souffre depuis quelques semaines d’une plaie traumatique : une morsure de chien à l’arrière de son mollet. Alors que Manon fait le bilan sur l’évolution de la plaie, elle a le regret de remarquer une détérioration franche de la morsure, qui s’élargit et présente davantage de fibrine… Sans aucune raison apparente.
Découvrez comment Manon est parvenue à gérer cette situation : son interview ainsi que ses conseils et astuces pour une cicatrisation couronnée de succès !
L'INTERVIEW DE... Manon
le 19 avril 2023
Aujourd'hui, nous avons le plaisir d'interviewer Manon, médecin assistante dans un service de chirurgie plastique de la région Grand-Est.
Bonjour Manon. Aujourd’hui, vous souhaitiez nous partager un de vos cas cliniques, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre patiente : son âge, les caractéristiques de sa plaie ?
Bonjour.
Aujourd’hui, je souhaitais vous parler d’une patiente de 60/70 ans. Nous l’avons prise en charge après un passage aux urgences pour une morsure de chien. Cette plaie traumatique située sur la partie postérieure du mollet mesurait environ 10 cm sur 10.
Quel protocole de soins a été mis en place ?
La patiente nous a donc été adressée 7 jours après l’incident. La plaie a été traitée en cicatrisation dirigée avec des pansements interfaces. Étant donné qu’il s’agissait d’une morsure de chien, nous avons également mis en place une antibiothérapie et l’évolution de la plaie était plutôt bonne. Dans les semaines qui ont suivi, la plaie a présenté une détérioration importante : elle avait tendance à s’élargir avec davantage de fibrine. On a donc recherché et éliminé les facteurs de risque potentiels qui compromettaient cette cicatrisation. La patiente n’avait pas d’antécédents, elle ne fumait pas, ne présentait pas de troubles vasculaires, … Il a été décidé alors d’effectuer un lavage de cette plaie au bloc opératoire et de réaliser une greffe de peau.
Finalement, en discutant avec la patiente et en reprenant son histoire depuis l’incident, on a mis en évidence qu’elle tirait un «bénéfice» de cette situation étant donné qu’elle marchait très peu et qu’elle était beaucoup aidée par sa famille. C’est à ce moment-là qu’on a pu mettre en place une prise en charge multifactorielle qui prenait en compte cette situation.
On a donc mis en place un nouveau protocole de soins avec des pansements hydrocellulaires adhésifs plus adaptés accompagnés d’une prise en charge psychologique avec un psychiatre et c’est grâce à cela qu’on a réussi à obtenir une cicatrisation complète en seulement quelques semaines, alors que nous la suivions depuis plus d’un an.
Et comment la patiente vit cette situation ? Comment cette plaie impacte-t-elle son quotidien ?
Déjà, la patiente a vécu l’incident de la morsure de chien comme un traumatisme. Elle était moins mobile et les soins quotidiens à domicile impactaient sa vie quotidienne. On a vraiment réalisé une prise en charge globale, tant sur la cicatrisation que sur le plan psychologique. Petit à petit, on l’a amenée à sortir de chez elle de nouveau, à renouer avec sa vie quotidienne classique avec la reprise d’une activité sportive.
Selon vous, quels ont été les facteurs du succès de cette cicatrisation ?
Dans un premier temps, être à l’écoute de la patiente et discuter avec elle. Cela nous a permis de nous concentrer sur les problèmes associés à cette plaie traumatique, d’agir directement sur l’environnement de la patiente, de mettre en place une prise en charge avec un psychiatre et de lui proposer un protocole de soins qui fonctionne avec des pansements adaptés.
Pour finir, auriez-vous des astuces à partager pour une meilleure prise en charge des plaies ?
La prise en charge doit être globale. Aussi, il faut bien comprendre que chez n’importe quel patient, il est important de rechercher les facteurs de risque pouvant troubler la cicatrisation et de connaître les antécédents du patient (diabète, tabagisme, troubles psychiatriques, …) pouvant aussi influer sur le processus de cicatrisation.
Merci Manon pour cet échange !
Vous souhaitez avoir plus de détails sur la prise en charge ou les produits utilisés par Manon pour le traitement de cette patiente en particulier ? Découvrez ce contenu en ouvrant les documents dans la rubrique "Envie d'aller plus loin ?" !
Les Trucs et Astuces
Les conseils de Manon pour une cicatrisation couronnée de succès
BIEN CONNAITRE SON PATIENT
« Lorsque l’on prend en charge un patient pour une plaie traumatique et même de manière générale, il est important de rechercher les facteurs de risque et les antécédents médicaux (diabète, tabagisme, troubles psychiatriques, …) qui pourraient impacter voire compromettre le processus de cicatrisation. »
ÊTRE À L’ÉCOUTE DE SON PATIENT
« Il est essentiel d’être à l’écoute et d’engager un réel dialogue avec le patient. Cela peut permettre d’identifier des problématiques ou des craintes et de mettre en place une prise en charge multifactorielle plus adaptée au patient, comme une prise en charge par un psychiatre dans le cas de Madame C. »
Chroniques de Plaies est également disponible sur Instagram
Soyez informés de la sortie de nouvelles chroniques, répondez à des sondages et réagissez aux chroniques d'autres professionnels de santé !
Rejoignez la communauté !