Carole, IPA, permet à Monsieur D.
de continuer à jouer au taxi avec ses petits-enfants.
Jeudi 20, 17h55, Île-de-France
La journée de Carole n’est pas finie. Au sein du centre de santé l’attend Monsieur D., un patient diabétique septuagénaire , qui souffre d’un pied de Charcot et de maux perforants plantaires répétitifs sous son pied gauche, pour lesquels il a été hospitalisé la quasi-totalité de l’année passée.
Pour Monsieur D., l’idée de se faire réhospitaliser est un réel fardeau, il craint de devoir de nouveau mettre ses activités sur pause et d’être éloigné de sa famille.
Carole le sait, la prise en charge et le suivi de cette plaie seront déterminants pour éviter à son patient une hospitalisation qu’il redoute tant…
Découvrez comment Carole est parvenue à gérer cette situation : son interview, ses conseils et astuces et le cas clinique détaillé de sa patiente.
Jeudi 20 avril 2023 : Carole Infirmière en Pratique Avancée dans un centre de santé en Île-de-France
Carole nous partage le cas clinique de son patient atteint de maux perforants plantaires récidivants
A l'aide du protocole de soins détaillé et de photos de plaies, découvrez l'évolution de la cicatrisation de ce patient !
Je découvre l'évolution de la plaie en imagesL'INTERVIEW DE... Carole
le 20 avril 2023
Aujourd’hui, nous avons le plaisir d’interviewer Carole, infirmière depuis les années 2000, ayant fait un DU Plaies et Cicatrisation en 2015 et Infirmière de Pratique Avancée (IPA) spécialisée en pathologies chroniques stabilisées depuis juillet 2022, exerçant dans un centre de santé en Île-de-France.
Bonjour Carole. Aujourd’hui, vous souhaitiez nous partager un de vos cas cliniques, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre patient : son âge, les caractéristiques de sa plaie ?
Bonjour.
Aujourd’hui, je souhaitais vous parler de Monsieur D., un patient septuagénaire toujours très actif. Il vit seul, mais est très proche de sa famille. Au niveau de son historique médical, c’est un patient diabétique avec des antécédents d’hypertension artérielle, de phlébites et qui souffre également d’obésité. C’est un patient qui a passé plus d’un an à l’hôpital avec de nombreuses hospitalisations pour des récidives de mal perforant plantaire sous le pied, sur un pied de Charcot. Et donc début décembre, il a malheureusement présenté une récidive d’un mal perforant plantaire avec un hématome local et une hyperkératose.
Quel protocole de soins a été mis en place ?
On a tout de suite mis en place une décharge avec une chaussure orthopédique faite sur mesure. À noter que le patient avait une peur absolue d’être de nouveau hospitalisé. On a donc envoyé des photos de sa plaie à son chirurgien qui le suit à l’hôpital, qui nous a conseillé de maintenir si possible le patient à domicile avec un suivi rapproché et un contrôle au sein de notre centre de santé une fois par semaine.
Au début, on a commencé par débrider la kératose et nous avons découvert une plaie cavitaire plutôt propre, d’environ 2 cm de large et 1 cm de profondeur, sans fissure ni contact osseux. Le patient n’a donc pas été mis sous antibiotiques. Au niveau des pansements, on a mis des mèches d’alginate avec un hydrocellulaire en pansement secondaire.
Quelques semaines plus tard, en février, devant une plaie plutôt stationnaire et atone, on est passé sur des pansements interfaces et toujours un hydrocellulaire en pansement secondaire. On s’est alors retrouvé avec une macération périlésionnelle et on est passé sur un pansement hydrocellulaire adhésif. Le lit de la plaie présentait une amélioration avec un bourgeonnement, mais on ne parvenait pas à contrôler la macération périlésionnelle qui était un peu hémorragique.
On a donc rechangé de protocole en mars pour tester cette fois un pansement hydrocellulaire non-adhésif que l’on découpe à la taille de la plaie pour l’y insérer, avec toujours un hydrocellulaire en pansement secondaire. Depuis, la plaie se referme : elle est bourgeonnante et l'exsudat est contrôlé grâce au protocole comprenant le pansement hydrocellulaire non-adhésif et le pansement secondaire à base de fibres.
Quel a été l’impact de cette plaie et de la prise en charge sur le quotidien du patient ?
Le patient avait vraiment peur d’être à nouveau hospitalisé à cause de cette plaie. C’était très important pour lui d’être maintenu à domicile et pour le coup, il a vraiment été coopérant et a vite compris l’intérêt de la décharge. Après, c’est un patient qui est « habitué » à ces plaies au vu de ses nombreuses récidives, donc il se déplace en fauteuil roulant chez lui et possède un véhicule adapté.
Il est plutôt content de la prise en charge étant donné qu’il voulait éviter l’hospitalisation. Il a continué ses activités, à travailler et à faire le « taxi » pour ses petits-enfants.
Selon vous, quels ont été les facteurs de succès de cette cicatrisation ?
Tout d’abord, une des clés est la compliance et la coopération du patient.
Également, la prise en charge pluridisciplinaire grâce à la collaboration entre les infirmières libérales, le médecin traitant, le chirurgien et moi-même, IPA, assurant un suivi hebdomadaire au sein du centre de soins.
Il faut aussi réaliser à la fois une prise en charge locale avec des soins et des produits adaptés, et une prise en charge étiologique avec notamment un équilibrage du diabète.
Pour finir, auriez-vous des astuces à partager pour une meilleure prise en charge des plaies ?
Dans les prises en charge de plaies chroniques, je pense que le plus important est d’être à l’écoute du patient et d’être sensible à son confort, car ce sont des patients pour lesquels les soins sont longs et répétitifs. C’est la meilleure option pour rendre les patients compliants et qu’ils adhèrent au protocole de soins.
Merci beaucoup Carole pour cet échange !
Les Trucs et Astuces
Les conseils de Carole pour une cicatrisation couronnée de succès
UNE PRISE EN CHARGE MULTIDISCIPLINAIRE
« Une prise en charge multidisciplinaire permet de prendre en charge les patients de façon globale grâce aux expertises diverses et complémentaires des infirmières libérales, des infirmières de pratique avancée, des médecins et des spécialités. »
ÉTABLIR UN PROTOCOLE DE SOINS ADAPTÉ
« Une cicatrisation réussie repose sur un bon protocole, c’est-à-dire que les soins prodigués et les produits utilisés doivent être adaptés à la plaie et au patient. Les facteurs de risque et les pathologies sous-jacentes doivent faire l’objet d’une prise en charge. »
ÊTRE À L’ÉCOUTE DE SON PATIENT
« Le plus important est d’être à l’écoute du patient et d’être sensible à son confort si l’on souhaite qu’il suive le protocole ; d’autant plus dans le domaine des plaies chroniques pour lesquelles les prises en charge sont souvent longues et répétitives. »
RENDRE LE PATIENT ACTEUR DE SA CICATRISATION
« La clé du succès, c’est la coopération et la compliance du patient. Il est important de lui expliquer et de lui faire comprendre l’intérêt de toutes les facettes de la prise en charge mise en place, notamment de la décharge dans le cas d’une plaie du pied diabétique. »
Vous souhaitez découvrir le cas clinique détaillé de son patient ou plus de détails sur la prise en charge, les produits utilisés ? Découvrez ce contenu en ouvrant les documents dans la rubrique "Envie d'aller plus loin ?" !
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