Marion, infirmière en consultations externes,
connaît désormais le talon d'Achille de sa patiente.
Mardi 18, 8h15, Provence-Alpes-Côte d'Azur
Ce matin, Marion se rend à son travail au sein du service de consultations externes, qui prend notamment en charge des patients porteurs de plaies chroniques.
Découvrez comment Marion est parvenue à gérer cette situation : son interview, ses conseils et astuces et le cas clinique de sa patiente.
L'INTERVIEW DE... Marion
le 18 avril 2023
Aujourd'hui, nous avons le plaisir d'interviewer Marion, IDE depuis 16 ans, ayant commencé sa carrière au sein d'un CHU, d'abord dans un service de pédiatrie puis de réanimation chirurgicale. Elle a ensuite travaillé aux urgences et au SMUR avant d'intégrer, il y a 5 ans, un service de consultations externes qui prend notamment en charge des patients porteurs de plaies(s) chroniques(s).
Bonjour Marion. Aujourd’hui, vous souhaitiez nous partager un de vos cas cliniques, pouvez vous nous en dire un peu plus sur votre patiente : son âge, les caractéristiques de sa plaie ?
Bonjour.
Aujourd’hui, je souhaitais vous parler d’une patiente de 50/60 ans que nous avons prise en charge récemment aux urgences. Elle souffrait notamment d’une rupture partielle du tendon d’Achille. Dans un premier temps, elle a été prise en charge en chirurgie où elle a subi une ostéosynthèse avec 2 vis au niveau du calcanéum et une suture du tendon d’Achille. Nous l’avons ensuite suivi en post-opératoire pour cette plaie. Lors des 3 premières semaines, l’évolution de la plaie, qui mesurait environ 1,5 cm sur 1,5 cm, était correcte puis la plaie à commencer à devenir creuse et fibrineuse. L’infirmière libérale nous a donc resollicités pour qu’on la reçoive en consultation afin de suivre de plus près l’évolution avec elle.
Quel protocole de soins a été mis en place ?
Au début, nous avons réalisé des pansements plutôt standards et le chirurgien retirait mécaniquement la fibrine. Malgré cela, la plaie était atone et empirait étant donné que l’on voyait le tendon d’Achille. On a donc commencé un nouveau protocole reposant sur des pansements hydrocellulaires non-adhésifs avec des changements tous les 2 jours. Ces pansements nous permettaient de bien épouser la plaie qui était un peu creuse, grâce à une pose en colimaçon. Petit à petit, on a eu de très bons résultats et cela a évité à la patiente une nouvelle prise en charge chirurgicale et de repasser au bloc opératoire.
Et comment la patiente vit cette situation ? Quel est l’impact de la cicatrisation sur sa qualité de vie ?
La douleur impactait beaucoup sa qualité de vie, d’autant plus que c’est une femme avec une vie professionnelle et personnelle très active. De plus, l’attente de la cicatrisation de sa plaie a induit un retard sur sa rééducation, elle était du coup immobilisée et inactive étant donné qu’elle devait rester à domicile et qu’elle était en plus dépendante de ses proches pour les moindres déplacements. D’un point de vue psychologique, cette situation a créé un isolement social et beaucoup d’inquiétude aussi puisque la patiente redoutait de ne plus pouvoir remarcher et que son pied reste raide. Au fur et à mesure de la cicatrisation, on a senti que la patiente était soulagée de savoir qu’elle allait retrouver une certaine autonomie et de reprendre ses activités quotidiennes.
Pourquoi avez-vous choisi de nous raconter ce cas plutôt qu’un autre ?
Déjà, parce que les résultats obtenus étaient très satisfaisants étant donné qu’on a évité à cette patiente une nouvelle prise en charge chirurgicale par un plasticien. Et également pour parler du fait que des plaies aiguës qui chronicisent n’arrivent pas uniquement chez les patients âgés. On lui a permis de commencer rapidement sa rééducation et de retrouver rapidement l’usage de son pied.
Selon vous, quels ont été les facteurs clés du succès de cette cicatrisation ?
Cette patiente était relativement jeune et ne présentait pas de facteurs de risques, donc un facteur clé de succès est la mise en place du bon protocole de soins. Il y a aussi bien sûr le lien ville/hôpital, c’est-à-dire la communication avec les infirmiers libéraux pour le suivi, puisque c’est une patiente que l’on voyait de façon hebdomadaire à l’hôpital. C’est important de garder un contact avec les professionnels qui la voit plus régulièrement pour pouvoir suivre l’évolution de la plaie et leur donner des conseils. C’est important aussi de prendre en compte l’avis du patient, savoir ce qui la gêne pour établir un protocole de soins qui soit en adéquation avec la plaie bien sûr, mais aussi avec la patiente. La confiance est cruciale dans ce type de prise en charge. La patiente n’a eu aucun doute sur le protocole et sur les produits proposés, car elle a ressenti qu’on savait ce que l’on faisait et que nous étions convaincues.
Pour finir, auriez-vous des astuces à partager pour une meilleure prise en charge des plaies ?
Pour revenir sur la pose du pansement en colimaçon : pour des plaies creusées comme c’était le cas pour cette patiente, le fait de couper la compresse « en escargot » permet de vraiment bien épouser la plaie. C’est une technique que l’on fait souvent. Cela nous arrive aussi de faire des petites encoches au niveau des extrémités du pansement, notamment dans ce cas où la plaie était située au niveau du talon, afin que le pansement épouse bien la forme du talon et que la patiente ne soit pas trop gênée dans ses mouvements et puisse avoir un peu de flexibilité. Aussi, choisir la bonne taille de pansements. En effet, il existe plusieurs tailles pour les pansements donc ça permet de choisir la taille la plus adaptée à la plaie tout en évitant de gaspiller. Il ne faut pas hésiter également à se reposer sur les laboratoires tels qu’Urgo. Pour ma part, ça m’a beaucoup aidée dans mes prises en charge de plaies chroniques, que ce soit au niveau des protocoles en découvrant de nouveaux produits, ...
Merci beaucoup Marion pour votre partage !
Vous souhaitez découvrir le cas clinique détaillé de sa patiente ou plus de détails sur la prise en charge ou les pansements utilisés ? Découvrez ce contenu en ouvrant les documents dans la rubrique "Envie d'aller plus loin ?" !
Les Trucs et Astuces
Les conseils de Marion pour une cicatrisation couronnée de succès
RENFORCER LE LIEN VILLE-HÔPITAL
« Il est important que les professionnels libéraux et à l’hôpital soient en contact étroit pour échanger régulièrement sur l’évolution de la plaie, partager des bonnes pratiques et adapter le protocole de soins dès que nécessaire. »
GAGNER LA CONFIANCE DU PATIENT
« La confiance du patient est cruciale dans ce type de prise en charge. En effet, un patient confiant se confiera davantage sur ses inquiétudes ou sur les soins qu’il trouve gênants, qui pourraient compromettre son observance et sa cicatrisation. »
BIEN ÉPOUSER LA PLAIE AVEC LE PANSEMENT
« Pour des plaies un peu creuses, il est important que le pansement épouse bien la plaie. Pour ce faire, il est possible de poser le pansement « en colimaçon » : c’est une technique qui consister à découper le pansement « en escargot » pour le poser du plus profond de la plaie jusqu’aux parties les plus superficielles. Il est également possible de réaliser de petites encoches aux extrémités du pansement pour une meilleure tenue de ce dernier selon la localisation de la plaie. »
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