Alors que Madame D. était au bout du rouleau,
Pascaline est arrivée à bout de ses douleurs.
Mercredi 5 avril 2023, 10h20, Nord
En cette fin de matinée, Pascaline se rend dans la chambre de Madame D., une patiente de 80/90 ans qui souffre depuis près de 5 ans d’ulcères de jambe mixtes chroniques sur les membres inférieurs…
Pascaline le sait, sa prise en charge sera déterminante pour apaiser les maux de sa patiente et lui redonner goût à la vie.
Découvrez comment Pascaline est parvenue à gérer cette situation : son interview, ses conseils et astuces ainsi que le cas clinique détaillé de sa patiente !
Mercredi 5 avril 2023 : Pascaline, infirmière stomathérapeute dans des services de gériatrie et de médecine gériatrique de la région Nord
Pascaline nous partage le cas clinique de sa patiente touchée par des ulcères chroniques douloureux des membres inférieurs d’étiologie mixte
A l'aide du protocole de soins détaillé et de photos de plaies, découvrez l'évolution de la cicatrisation de cette patiente !
Je découvre l'évolution de la plaie en imagesL'INTERVIEW DE... Pascaline
le 5 avril 2023
Aujourd’hui, nous avons le plaisir d’interviewer Pascaline, infirmière stomathérapeute depuis 17 ans, qui travaille dans des services de gériatrie et de médecine gériatrique dans lesquels elle est quotidiennement confrontée à des patients porteurs de plaies complexes et de plaies chroniques.
Bonjour Pascaline. Aujourd’hui, vous souhaitiez nous partager un de vos cas cliniques, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre patiente : son âge, les caractéristiques de sa plaie ?
Bonjour.
Aujourd’hui, je souhaitais vous parler de Madame D., une femme octogénaire, hypertendue, diabétique qui souffre également d’un syndrome anxio-dépressif. Elle présente depuis 2018 des ulcères chroniques des membres inférieurs d’étiologie mixte, pour lesquels elle a déjà subi des interventions chirurgicales.
Par ailleurs, des signes d’artériopathie bilatérale nécessitaient des soins quotidiens, qui étaient alors réalisés à domicile, puis ces soins sont devenus plus complexes. Comme la patiente souffrait beaucoup, le médecin gériatre a décidé de l’hospitaliser pour prendre en charge ses plaies. À son arrivée, les plaies étaient donc bilatérales, circonférentielles, surtout très douloureuses et il y avait beaucoup d’œdèmes.
Quel protocole de soins a été mis en place ?
Notre première problématique était de réaliser des soins efficaces, tout en minimisant au maximum la douleur. On a essayé plusieurs pansements sans succès… La principale difficulté était le retrait des pansements, alors même qu’on les humidifiait au maximum : je me souviens qu’il y avait de l’eau partout pour essayer de tout décoller. La patiente redoutait ces moments, était vraiment mal à cause de la douleur et malheureusement, rien ne fonctionnait pour elle : ni les prémédications, ni l’utilisation du Meopa, … Cela devenait vraiment difficile, même pour nous, en tant que soignants, ce sont des situations compliquées à gérer : nous avions l’impression de réaliser des soins agressifs qui ne soulageaient pas la patiente.
Puis on s’est dit qu’on essaierait bien d'autres pansement hydrocellulaires adhésifs pour voir si le retrait était moins douloureux. On a donc tenté sur toutes ses plaies qui étaient très exsudatives. On a refait les pansements au bout de 48 heures et ce fut la grande surprise : on a réussi à retirer les pansements sans trop de difficultés, ils n’adhéraient pas trop aux plaies et avaient bien absorbé les exsudats. Puis surtout, la patiente n’a pas ressenti le retrait du pansement. On s’est vraiment dit qu’on tenait quelque chose qui convenait mieux à la patiente. On a donc persévéré dans cette pratique et on s’est aperçu au bout de quelques semaines que les pansements étaient efficaces, que la détersion manuelle (qu’on ne faisait plus de toute façon car trop douloureuse pour la patiente) n’était en fait plus nécessaire.
On a continué avec ces pansements hydrocellulaires adhésifs en découpant la partie adhésive pour ne conserver que la compresse, avec un super-absorbant en plus étant donné que les plaies étaient toujours très exsudatives. Petit à petit, on est venu à bout de la fibrine avec une épithélialisation des berges.
La patiente vivait mieux les soins et souffrait moins. Elle commençait à remonter la pente grâce à la réduction des douleurs et elle s’est notamment remise à manger. Au fur et à mesure, on l’a remise à la marche.
Tout cela a duré 3 mois, avec une réelle amélioration de sa qualité de vie et sa famille l’a vraiment vu renaître. Donc au-delà de l’amélioration des plaies, on a eu un beau progrès quant à l’état général de la patiente.
Et quel était l’impact de ces plaies sur le quotidien de la patiente ?
À la base, c’est une patiente qui vit seule chez elle et qui était autonome dans la vie quotidienne. Malheureusement, ses ulcères très exsudatifs, ses œdèmes et surtout ses fortes douleurs ont vraiment porté atteinte à sa qualité de vie : au départ, à cause des soins biquotidiens à domicile, mais aussi à cause de ses traitements pour la douleur. Ces derniers impliquaient une surveillance rapprochée par le médecin traitant car elle ne supportait pas bien ses traitements : elle faisait des malaises et chutait. Par ailleurs, elle ne dormait et ne mangeait quasiment plus et était par conséquent dénutrie. Donc les plaies l’ont vraiment mise dans un état critique…
Pourquoi avez-vous choisi de nous parler de ce cas plutôt qu’un autre ?
Car lors de la prise en charge de cette patiente, sa douleur nous a vraiment frappés et rien ne parvenait à la soulager que ce soit l’hypnose, la sophrologie, les prémédications avant les soins ou encore l’utilisation du Meopa. À tel point qu’elle avait des angoisses à chaque fois qu’elle nous voyait arriver pour réaliser les soins qui étaient, à ce moment-là encore, longs et douloureux. Donc c’était une situation compliquée et on est content d’en être venu à bout.
Merci beaucoup Pascaline pour cet échange !
Les Trucs et Astuces
Les conseils de Pascaline pour une cicatrisation couronnée de succès
PRENDRE EN CHARGE LA DOULEUR
« La douleur peut avoir un grand impact sur la qualité de vie des patients (sur leur appétit, leur sommeil, leur moral, …). Elle peut également nous affecter en tant que soignant, notamment lors de la réalisation de soins longs et douloureux. Il est donc indispensable de considérer cette douleur et de la prendre en charge. »
PERSÉVÉRER ET RÉAJUSTER LE PROTOCOLE DE SOINS
« Face à des plaies qui n’évoluent pas dans le bon sens et des patients dont l’état se dégrade malgré la prise en charge, il faut persévérer, réajuster le protocole de soins et être aux aguets d’une quelconque amélioration. »
Vous souhaitez avoir plus de détails sur la prise en charge ou sur les produits utilisés par Pascaline pour le traitement de cette patiente en particulier ? Découvrez ce contenu en ouvrant les documents dans la rubrique "Envie d'aller plus loin ?" !
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