La détersion, ou débridement, désigne le processus d’élimination des tissus non-viables (tissus nécrotique, dévitalisés ou infectés, croûtes, liquides séreux séchés, biofilm, pus, hématomes, corps étrangers, fragments osseux) et de toute impureté qui retarde la guérison des plaies.
Une détersion correctement réalisée contribue à :
- l’amélioration de la microcirculation de la plaie.
- la réduction de l’inflammation et du niveau de métalloprotéinases.
- la stimulation des bords de la plaie et de l’épiderme.
- la diminution des odeurs désagréables.
- la réduction des risques d’infection.
Les techniques de détersion sont nombreuses et leur sélection dépend de plusieurs facteurs, tels que le type de tissu, la présence de biofilm, la profondeur et l’emplacement de la plaie, la cause sous-jacente (veineuse, artérielle), les compétences du praticien effectuant la détersion et les préférences du patient lui-même.
Étapes préparatoires
Evaluation de la plaie
L’évaluation minutieuse de la plaie et de l’état général du patient est nécessaire avant d’entreprendre toute procédure de détersion. Cette évaluation permet de déterminer la stratégie de traitement de la plaie la plus appropriée et d’optimiser les chances de guérison.
Il est nécessaire d’identifier les précautions, contre-indications et indications pour la détersion en recueillant des informations sur :
- La taille, la localisation et les caractéristiques de la plaie
- Les tissus environnants
- L’historique de la douleur associée à la plaie
- La présence d’infection, le traitement en cours et la réponse au traitement
Les plaies sont ainsi classées en :
- Plaies cicatrisables : Elles nécessitent une détersion des tissus non-viables, contaminés ou infectés pour favoriser la cicatrisation.
- Plaies non-cicatrisables : La détersion par un professionnel qualifié peut être nécessaire uniquement pour gérer la charge bactérienne, les exsudats et/ou les odeurs, sans viser une cicatrisation complète de la plaie.
À partir de cette évaluation globale, on élabore un plan de traitement personnalisé qui prend en compte :
- Le type de détersion le plus approprié
- La gestion de la douleur
- Les soins post-détersion
- Le suivi nécessaire
Gestion de la douleur associée à la détersion
La gestion de la douleur est primordiale, surtout lorsque des méthodes de détersion potentiellement douloureuses sont utilisées. La stratégie à adopter comporte plusieurs étapes :
- Évaluation préalable : Avant de commencer la détersion, évaluer le niveau de douleur du patient à l’aide d’échelles de douleur appropriées pour adapter le traitement antalgique en conséquence.
- Analgésie adaptée : Administrer des antalgiques avant le débridement pour prévenir la douleur. Cela peut inclure des antalgiques topiques comme la lidocaïne en gel ou en patch, des analgésiques oraux, voire des techniques d’anesthésie loco-régionales ou générales.
- Techniques de détersion douces : Les techniques de détersion moins invasives comme le débridement autolytique ou enzymatique sont généralement moins douloureuses.
- Éducation du patient et communication : Informer le patient sur les procédures à venir, leur durée, et ce qu’il peut ressentir pendant et après la détersion. Une communication claire permet de réduire l’anxiété qui peut amplifier la perception de la douleur.
- Réévaluation et suivi : Surveiller régulièrement la douleur du patient pendant et après la détersion pour ajuster le traitement antalgique si nécessaire.
- Support psychologique : Offrir un soutien émotionnel et psychologique, surtout si le débridement est fréquent ou particulièrement douloureux. Il peut provenir du personnel infirmier, de travailleurs sociaux ou de psychologues.
- La communication hypnotique est une approche complémentaire en soins pré, per et post pansement.
Nettoyage de la plaie pré-détersion
Un lavage pré-détersion soigneux avec de l’eau et du savon permet de réduire le risque infectieux et d’éliminer les contaminants superficiels, préparant le site de la plaie pour la détersion.
Méthodes de détersion des plaies
Il existe plusieurs méthodes de détersion, chacune ayant ses particularités et ses indications spécifiques.
Détersion mécanique
Cette technique repose sur l’application de forces physiques directes, comme le grattage ou le rinçage, pour retirer les matériaux indésirables. Elle peut être réalisée via :
- du matériel de soin des plaies spécifique tels que des ciseaux, des pinces ou des curettes.
- un lavage pulsatile avec un hydrojet.
- des méthodes moins invasives comme une irrigation de la plaie.
Bien que relativement facile à mettre en œuvre, la détersion mécanique peut s’avérer douloureuse et risque d’endommager les tissus sains environnants.
Détersion enzymatique
La détersion enzymatique repose sur l’application d’agents topiques qui liquéfient chimiquement les tissus nécrotiques. Ces enzymes dissolvent et englobent le tissu dévitalisé dans la matrice de la plaie. Cette méthode a une place privilégiée dans les soins de longue durée en raison de son caractère peu douloureux et de la possibilité pour les infirmiers de l’appliquer quotidiennement. Elle peut être utilisée en complément de la détersion chirurgicale. Il est important de noter que certains agents antimicrobiens peuvent réduire l’efficacité de cette méthode.
Détersion biologique
La détersion biologique ou larvaire utilise des asticots, élevés dans un environnement stérile, et appliqués directement sur le lit de la plaie. Ils se nourrissent sélectivement des tissus nécrosés et des agents pathogènes, laissant les tissus sains intacts. Cette méthode n’a pas d’efficacité spécifique sur la cicatrisation, mais permet une efficacité rapide sur la détersion avec une douleur moins importante. Cette méthode utilise des pansements spéciaux pour confiner les asticots à la zone à traiter.
Détersion autolytique
La détersion autolytique est la méthode la plus lente mais aussi la moins invasive. Elle exploite les enzymes du corps et l’humidité naturelle de la plaie, maintenues sous un pansement adapté. Cette approche, particulièrement indolore, est fréquemment utilisée dans les soins de longue durée. Elle nécessite un équilibre précis de l’humidité, ainsi qu’une gestion attentive de la fréquence et de l’absorption du pansement. Les pansements hydrocolloïdes, hydrogels, hydrocellulaires et films transparents sont couramment utilisés.
Détersion chirurgicale
Le débridement chirurgical est généralement considéré lorsqu’il est nécessaire de retirer rapidement de grandes quantités de tissu nécrotique. Cette méthode permet une excision précise et rapide des tissus nécrosés et peut être combinée à d’autres procédures comme la greffe de peau. Elle est généralement réalisée en salle opératoire sous anesthésie générale, notamment pour les plaies profondes > 2 cm, lors de l’exposition ou au contact d’un os ou encore en cas de risque hémorragique.